NOTE
La volte est l’ancêtre de la valse, les pas sautés en moins. Le terme subsiste en équitation : il désigne un tour complet du cheval à mi-manège.
Le vertugadin (XVIe et XVIIe siècles) a d’abord été un bourrelet que les élégantes portaient autour des hanches pour faire gonfler la robe à partir de la taille. Il désigna bientôt cette partie même.
Le vertugadin, perfectionné, devint au XVIIIe siècle le panier, et au XIXe siècle, la crinoline. Son ampleur, qui influença la largeur des fauteuils, indiquait aussi la classe sociale. Seules les dames de la noblesse et les bourgeoises fortunées portaient le vertugadin. Les filles et les femmes des milieux populaires devaient se contenter du cotillon qui, se moulant sur la nature, était moins coûteux et, dans le travail, plus commode.
On voit par là que courir le cotillon avait à l’origine une connotation que l’expression n’a plus aujourd’hui. Il s’agissait pour les nobles et les riches bourgeois d’une entreprise plus sûre et plus facile que la course au vertugadin, puisqu’elle ne risquait pas de déboucher sur un duel ou un procès.
Le fait que le cotillon découvrait parfois les jambes s’ajoutait à cet attrait. Comment ne pas sentir que La Fontaine se délecte à décrire Perrette, balançant son pot au lait sur sa tête ?
Légère et court vêtue elle allait à grands pas.
Ayant mis ce jour-là pour être plus à l’aise
Cotillon simple et souliers plats.
Ce qui laisse à penser que le cotillon quotidien, et à plus forte raison hivernal, pouvait être plus long.
Du fait que le vertugadin dérobait en totalité la vue des jambes aux regards, de bons esprits imaginèrent une étymologie optimiste : il s’agissait de « vertu garder ». En réalité, vertugadin vient de l’espagnol verdugo, qui entre autres acceptions désigne un fouet, la marque d’un fouet, une meurtrissure, un supplice, ou un bourreau. On peut conclure de là que sous le rapport de l’aisance et de la commodité, les hautes dames, même en Espagne, eussent parfois préféré être vêtues comme leurs chambrières.
R. M.